Du monde et de l´art de vivre le quotidien d´une hypersensible haut potentiel absolument dénuée d´ambition. Blog en devenir et en déménagement...

Il y a environ 25 ans, j‘ étais lycéenne, et j´ai osé communiquer à ma thérapeute du moment que je voudrais faire un test QI parce que je pensais être sous-douée, cognitivement plus limitée que la normale, et que cela aurait expliqué pourquoi je ramais à l‘ecole. J‘ espèrais en ça trouver une explication qui m‘ enlève un poids des épaules, qui ne mette pas la raison de mes échecs sur le compte de la feignantise ou quelque autre jugement qu‘ on me collait sur le dos depuis déjà... et bien 17 ans en fait... c´est humain.

Et cette personne, censée être à l‘ écoute de mes besoins, mais étant elle aussi humaine, et certainement cherchant à me préserver d´une étiquette supplémentaire, a tout de suite pris position, rétorquant que ça ne m‘ avancerait à rien, que ce n‘ était que des chiffres, etc. 

Affaire classée.

Et bien 20 ans après, en sortant de mon premier rendez-vous avec un coach pour hauts potentiels et hypersensibles (où j´ai littéralement, comme on le dit dans mon patois d´origine "chialé ma race!"), j‘ ai fortement repensé à cette personne avec une grosse colère, une forte envie de lui faire très mal et de lui hurler qu´elle m´avait causé du tort avec ça...

Réaction intensive, similaire à celle que j´ai eu quelques années auparavant une fois testée, apprenant, comprenant, et laissant mon système intégrer l´information qu´en fait, j´ étais née gauchère. Franchement, j´aurais pu tuer quelqu'un!

(Parenthèse: Etre gaucher n´est pas une exception comme beaucoup le croient. Si vous ne savez pas en quoi cette contrariété est psychologiquement handicapante ou en quoi la réduction des gauchers actifs affecte massivement le monde dans lesquels nous vivons, je vous invite à vous informer sur le sujet, qui aurait besoin d´ un article à lui seul).

Ça paraît excessif comme ça, je sais. Il faut l´avoir vécu pour savoir la masse de colère et de douleurs nerveuses que la frustration accumulée cause une fois que le refoulement cesse. Une nervosité générale grandit, une agression que l´on ne comprend pas. Quand j´ai décidé de réapprendre à écrire et de faire certains mouvements du côté gauche pour rééquilibrer mon système et gagner en potentiel, ma tête semblait devenir trois fois plus grosse, j´avais mal avant de m´endormir, je me cognais plus, j´avais l´impression d´être après un accident ou une intervention chirurgicale, quand on doit rééduquer son corps engourdi. Des connections nerveuses en stand by se réveillent, c´est une torture. Toute une vie passée où le corps et le cerveau imitent l´ entourage (comment en est-on arrivé là d´ailleurs? à ce pourcentage hallucinant de droitiers... je vous laisse faire vos recherches...), reniant leur fonctionnement propre.

L´instinct de survie prend le dessus sur l´individualité dès le plus jeune âge.

Car non seulement à l’ époque j’ aurais eu le coeur net, mais j’ aurais également appris que non, je n’ étais pas sousdouée, ni moins ni plus intelligente que les autres, mais surdouée _aujourd’hui on dit haut potentiel_ et que bien que ce soit l‘ inverse de ce que je pensais être, ça n‘ en restait pas moins exactement la raison de mes échecs scolaires: système cérébral incompatible avec le système d´enseignement dans lequel j´avais été dressée. Mon intuition était là bonne concernant l´inaptitude, je l´attribuais juste au mauvais acteur de la situation.

Si l´on m‘ avait expliqué à l‘époque que non, je n‘ étais pas une sorte d‘ inadaptée intellectuelle, mais simplement que mon cerveau fonctionnait autrement, et que du coup, j‘ avais une autre façon d‘ apprendre, j‘ aurais compris que je n‘ étais pas l‘ incapable ni la feignante que je pensais être et n‘ aurais pas continué à construire mon identité sur ces croyances. 

Au même titre, si les thérapeutes et médecins que j´avais consultés avaient su ce qu´était, ou pris plus au sérieux l´hypersensibilité, j´aurais certainement pu développer une autre conscience de moi-même et aurait fondé mon identité sur des qualités et moins sur des déficits. Malheureusement, les gens du corps médical, alors aussi ignorants du phénomène que de la façon appropriée d´accompagner les personnes hypersensibles, n´ont pu que me sortir des diagnostics symptomatiques et non causals: hypoglycémie, malaises, tétanie, carences, dépression, crises d´angoisse, indécise et perfectionniste à l´extrême, jusqu'au traitement pour la schizophrènie, ça va loin! Et des conseils bien faits maison: "Vous réfléchissez trop!" ou "Vous volez les émotions des autres". 

Pardon?

Je ne vole rien du tout, je ressens sans le décider, personne ne m´apprend à filtrer, et surtout: parce que je suis submergée et que personne ne semble vraiment savoir de quoi il s´agit au final, on va "pathologier" mon "état".  Et moi, aussi ignorante que mon entourage, je crois ce que l´on me dit, et enfile mon costume de déficiente, en bonne élève que j´essaie d´être. 

Encore trop peu de thérapeutes et de tests incluent ces aspects. Pourtant ce sont des capacités toutes aussi importantes. On détecte cela dans des questionnaires concernant les stades de développement avancés dans la petite enfance.

J‘ ai subit le sport comme une obligation pendant des années depuis le moment où cela m´a était imposé comme discipline et plus comme une chose naturelle qu´un enfant fait sans réfléchir, développant dès lors une conscience personnelle de faiblarde, de „nulle en sport“.

Ce n‘ est qu‘ à 29 ans, après la naissance de ma fille que j‘ ai commencé à trouver que quand même, comparée aux autres dans les cours, j´étais assez balaise , et que j‘ ai commencé à m‘ identifier comme une personne potentiellement sportive. Il a fallu que je fasse l´expérience de moi faisant du sport dans un tout autre contexte que ce que j´avais connu pour ouvrir ma conscience à ce que mon corps pouvait actuellement faire. Avant cela, si je réussissais une épreuve un peu corsée, c'était un coup de chance, ou parce que je venais juste d´arrêter de fumer, ou n´importe quelle explication qui puisse me garder bien au chaud sous mon étiquette.

Je crois que je me suis autorisée à être la sportive que je suis à 33 ans, quand j´ai étendu mon jogging quotidien à une heure et quart en bloc, qu´officilement, c´était bon, je pouvais dire que j´étais une sportive. (Typique haut potentiel)

J‘ai compris que dès le plus jeune âge, souffrant dans les „cours“ de sport de l‘ école, je m‘ étais identifiée comme "non sportive", comme invalide. Je me suis construite là dessus. 

Seulement voilà, les tests ont révélé que j‘ étais une haut potentielle motrice. Et après?

Et bien, j‘ aurais bien aimé le savoir plus tôt!

Est-ce que ça a gâché ma vie? Non. Est-ce que je suis passée à côté d‘un tas de choses? C‘ est clair!

Parce que se croyant inadapté, on ne s´autorise pas certaines expériences. C´est sain et bienveillant. On ne s´aventure pas dans l´eau quand on croit que l´on ne peut pas nager. Mais du coup, on passe éventuellement à côté de sa carrière, en tout du "pourquoi on est là".

Ce n‘ est pas seulement douloureux de se construire sur de fausses croyances, ça l´est aussi de ne pas pouvoir développer ses talents, sa personalité dans ses meilleurs potentiels. On sent comme un manque, que l´on pourrait être plus brillant, mais dans quoi? Plus libre, plus épanoui, mais comment?

Vous savez, cette raison pour laquelle de plus en plus d´humains font des burnouts. Ou pourquoi depuis je ne sais pas quand, mais j´ai la nette impression que cela va en s´empirant, les humains collectionnent les addictions.

Ils supportent de moins en moins de passer à côté d´eux-mêmes.

Voilà, la réalisation de soi, c´est ça!

Passer sa vie à développer ses talents, parce que c´est comme ça que l´on contribue le mieux dans le monde, et que contribuer est l´un des, voire le besoin actif non physique le plus important pour nous. C´est ce qui fait de nous des humains et c´est pour cela que oui, nous sommes fondamentalement "bons", malgré toutes nos dérives, qui ne sont que des stratégies maladroites jusque tragiques pour y répondre. Hors sujet? Oui mais j´avais envie.

C´est pour cela que les écoles libres sont si importantes pour moi, parce que c´est là que l´on peut se développer pleinement dès l´enfance, sans coupure, et pas à 35 ans après 10 ans de thérapie... 

La vie c´est bien quand on la vit!

vous donnez une cuillère à votre petit enfant, alterner: une fois dans la main gauche, une fois dans la main droite. Après quelques jours, voyez si en lui la tendant il tend toujours la même main pour l´attraper. 

Si vous pensez qu´une personne de votre entourage est hypersensible ou haut potentiel, parlez-en! Elle ne le sait peut-être pas. Vous pouvez changer sa vie.

Quand on le sait, on n´en parle pas forcément non plus. Pourtant cela détend beaucoup de l´évoquer, régulièrement, car dans nos besoins, nous avons des dosages très différents et les reconnaitre ainsi que les intégrer dans nos relations les "normalisent" et allège le quotidien. 

Et si vous entendez quelqu'un dire "mais il n´y a pas d´hypersensibles, ou bien on l´est tous alors!": lâchez vous! Ces personnes ont elles aussi besoin d´informations... Souvent certaines d´entre elles le sont elles-même et refoulent, comme ça a été mon cas pendant des années. 

En soit, si une personne refoule sa personnalité, ça ne regarde qu´elle. C´est juste douloureux pour les autres qui cherchent à s´orienter, se comprendre, et prendre soin d´eux-même tout simplement. Cela vaut d´ailleurs pour toute forme de refoulement.

Voilà, c´est tout pour aujourd'hui!

C'était mon premier article en français. Il ne prétend pas être complet sur le sujet. J´avais surtout envie de partager mon expérience.

Certains disent que tous les haut-potentiels sont hypersensibles, d'autre que non. Il y a des hypersensibles qui ne sont pas particulièrement hypersensoriels.

Vous trouverez des hypersensibles et des haut potentiels qui n´auront pas du tout vécu les même choses que moi, qui n´auront par exemple jamais eu de problème d´ambition de carrière, comme mon père, hypersensible qui s´ignore. Et vous trouverez des premiers de la classe, champions en maths comme en sport comme dans tout, qui n´auront jamais besoin de "travailler" pour retenir quoi que ce soit à l´école, et qui sont simplement très intelligents ou très doués mais pas "haut potentiels" par définition, car ayant une activité cérébrale normale, comme c´est le cas de ma maman. Comme quoi chez les zèbres, les chiens peuvent faire des chats...